ÉPISODE #11: Plus de mignonnerie qu’à l’accoutumée.

Pour sa première édition dans la dizaine supérieure, la boîte d’aujourd’hui a décidé de se calmer un peu. La maturité, c’est bien connu, frappe toujours quand il y a des chiffres ronds. Du coup, cette fois-ci il y a beaucoup plus de trucs mignons.

The Night That Speaks

OùKonJoue: itch.io | KiKiafé: Adam Ryu
Keske sé: ~20 minutes / Gratuit / PC et MAC / Promenade bucolique dans les catacombes
Via: fuckyeahindiegames
TheNightThatSpeaks

“Le courage, ce n’est pas l’absence de peurs, mais la force de les affronter”. Balivernes me permets-je de rétorquer, et pour preuve, le récit de mon expérience de ce jeu que je me suis cru capable de confronter.

J’étais pourtant confiant, hypnotisé par l’esthétique gameboyesque qui m’apparaissait visuellement inoffensive, pour ne serait-ce que me faire tressaillir. Mais la principale raison de ma déconvenue ne se trouve pas être d’ordre graphique, mais plutôt dans l’interprétation des .gifs du jeu. On y aperçoit la main de notre avatar qui parfois s’agite dans l’ombre. Mon esprit de sale jeune punk vulgaire et débauché y a vu un doigt d’honneur se prostrer fièrement dans les ténèbres, vaillant et preux. En vérité, le pouce et l’index et se rejoignent, plutôt dans une posture méditative. Je m’étais projeté dans une aventure de pillage tombale à cracher dans les urnes cinéraires et à envoyer des fuck dans le visage de spectres émotifs, alors qu’au final c’est plutôt moi qui me suis retrouvé vandalisé.

En gros, la ballade dans les sombres catacombes est régulièrement ponctuée par des montées de tension qui se manifestent par l’amplification de sons chelous, qui amènent le joueur à considérer une menace imminente. Assez naturellement, on flippe, on regarde partout autour de soi, jusqu’à enfin découvrir qu’une ombre étrange s’approche de nous. Pour éviter les câlins fantômatiques, il faut méditer en regardant la sale bestiole dans les yeux.

À plusieurs reprises, j’ai sursauté, failli, et finalement abandonné. Pourtant, ce n’est pas de courage que j’ai manqué. Affronter ses peurs, je veux bien, mais survivre à un démon sadique par la seule force de la méditation, plus que de courage, c’est de masochisme dont il faut s’armer. Pour ceux qui aiment ça, les catacombes de The Night That Speaks disposent d’un bel attirail qui saura vous combler.

 

Cat versus ball of wool

OùKonJoue: codepen.io | KiKiafé: Karim Maaloul
Keske sé: ~20 secondes – infini / Gratuit / Browser game / De la laine et du poil
CatVersusBallOfWool

Il est certains combats dont l’issue ne peut jouer en notre faveur. Moi, par exemple, j’ai longtemps fait des pieds et des mains pour lutter contre un des deux fléaux qui ravagent le net: les chats et le porn. Jusqu’à présent je suis toujours parvenu à rester insensible au charme félin de ces animaux domestiques qui ont peur seule limite à leur mesquinerie, la fainéantise. Mais aujourd’hui, officiellement, je laisse tomber mon armure de vieil aigri réactionnaire élitiste. J’ai rejoint la majorité, je me suis laissé contempler la bête simplicité d’une petite boule de poils toute mimie. À vrai dire, il y a quelque chose de métaphysique qui m’a hypnotisé dans Cat versus ball of wool: Un chat portant une écharpe en laine, qui joue avec une pelote du même matériel. J’y ai senti un rapport étrange, entre un objet de convoitise dont la finalité est pourtant déjà acquise. Désir, fantasme, ces thématiques subtilement évoquées sont donc l’occasion de se titiller le poireau intellectuel freudien au travers de cette expérience vidéo-ludique. Je rigole. C’est juste chou en fait.

 

Skyrider & the Journey to the AirCitadel

OùKonJoue: gamejolt | KiKiafé: Magic Guiso
Keske sé: 15 minutes / Prototype / PC et MAC / coopératif vindicatif
AirSkyCitadell

Grâce à Skyrider, j’ai enfin l’occasion de briser un tabou qui s’installe autour d’une toujours plus grande majorité de jeux vidéo-ludiques coopératifs. Dans l’absolu, rien de plus que noble que de joindre les forces en présence pour tendre vers un but commun. C’est beau, c’est joli, c’est plein de bons sentiments, comme les aventures de Joséphine l’ange gardien. Les joueurs dotés d’un esprit de compétition limité et d’une insécurité quant aux rapports de force qui peuvent s’opérer avec leurs congénères semblent tout particulièrement s’en délecter. Et pour cause, même s’ils jouent comme des brêles lépreuses, ils peuvent compter sur les talents de leurs partenaires pour éponger leurs médiocrité. Cette nouvelle tendance qu’on peut imputer sans trop prendre de risque au succès retentissant, entre autres du père Rayman, se retrouve taclée dans les gencives par SkyRider.

Vous aurez le choix entre deux avatars aux capacités bien asymétriques. Le premier pouvant se résumer au héros de plateformer classique, usant de sauts et d’interactions avec le décor, tandis que le deuxième prend la forme d’un module robotique aux capacités autant offensives que défensives. Le premier se joue tout naturellement au clavier/manette, tandis que le deuxième est clairement taillé pour être manié à la souris. En effet, ce dernier évolue librement sans subir les contraintes de la gravité, comme s’il arpentait les niveaux à la manière d’un vaisseau de schmup. Ainsi les deux personnages déjouent les précipices et autres pièges qui jalonnent les niveaux grâce à une synergie originale, mais surtout cruciale. En effet, une erreur de l’un provoque irrémédiablement le décès de l’autre. Rien de tel donc pour insulter chaleureusement son compagnon lorsque celui-ci foire pour la dixième fois consécutive un passage qui vous semble pourtant d’une facilité déconcertante.

Skyrider a malheureusement foiré son kickstarter, mais les devs n’ont pas abandonné le projet et continuent de le développer. Cette démo/prototype reste très représentative du potentiel de leurs intentions. À savoir d’insuffler à leur titre une rigueur coopérative forçant des prises de décision communes requérant une véritable complicité. Bonne nouvelle, si vous n’avez pas d’amis, vous pouvez toujours vous y essayer en solo. Mais si vous êtes mauvais, vous ne pourrez vous en prendre qu’à vous-mêmes.

 

Internship Adventure

OùKonJoue: ludumdare | KiKiafé: Prog+Dialog = Martin Bousquet / Art – Pascal Pouvereau & Roxanne Hinh / Music & Sound – Louis Leroux & Victor Guéroult
Keske sé: 15 minutes / Prototype / PC et MAC / coopératif vindicatif
Via: alphabetagamer
internship-adventure

Les interprétations des thématiques d’une ludum dare ou des jams en général est l’occasion de dégager deux approches distinctes selon les participants. Il y a ceux qui brainstorment jusqu’à s’en faire saigner le nez, pour finalement accoucher d’une espèce de truc souvent plus original que ludique, tandis que les autres le prennent au premier degré et concentrent leurs efforts pour produire quelque chose de vraiment cool.

Dans Internship Adventure vous incarnez Michel, stagiaire un peu malgré lui dans un donjon. Vêtu d’un costume de monstre, il vous faudra obéir aux directives précises de votre boss très soucieux d’offrir des expériences de jeu adaptées au profil des différents joueurs venus vous dézinguer. La tâche ne sera pas aisée et votre patron ne manquera pas de relever, non sans un humour bienvenue, la médiocrité de vos performances. De la mort, jusqu’à des tirs manqués, vous aurez en effet toute une ribambelle de comportements à simuler.

Cette expérience de stagiaire fut pour moi l’occasion de reconsidérer le rôle de ces laquais de prime abord minables qui jalonnent mes aventures vidéo-ludiques. Grâce à Internship Adventure, j’ai pris conscience de toutes les subtilités qui incombent à ces créatures dont le destin ingrat est entièrement voué à mon plaisir.

Ce jeu issu de la Ludum Dare 33 dont le thème était «  You are the Monster  » s’est émancipé d’une tentative d’interprétation thématique tarabiscotée. L’expérience qui en résulte n’en demeure pas moins des plus agréables, car propre, élégante et consistante dans son petit délire.

 

Moshimoshi

OùKonJoue: itch.io | KiKiafé: BO EN
Keske sé: 15 minutes / For free or what you want / PC et MAC / Bon enfant / Bande-son potentiellement dangereuse
Via: alphabetagamer
moshi_moshi

Selon la description de l’auteur, son jeu disposerait de vertus éducatives bénéfiques aux enfants ou aux gens chelous. Le savoir qu’il est sensé distiller ayant un rapport direct avec la Vie et d’autres trucs. Mais dans la deuxième partie de sa description, l’auteur se ravise, puis il doute. Ainsi, le mystère quant aux intentions du développeur s’épaissit, alors que sa manière de considérer les enfants, elle, l’immunise à des travaux de babysitting forcés.

En effet, le personnage que nous incarnons répond au doux nom de Tomato Butt King et excelle en sa qualité de donneur de conseils. En effet, chaque fin de niveau permet au joueur de se voir récompenser par la révélation d’un bon tuyau : « Tu ne dois pas échanger de la majijuana contre tes pokémons. » ou « Lorsqu’on te demande d’amener du coca et du jus d’orange à une fête d’anniversaire, 90% du temps il ne s’agit pas de cocaïne ou d’acide. » Ces sages recommandations paraissent d’autant plus étranges que la bande-son entraînante dégouline d’une niaiserie infantile qui rendra fou les moins psychiquement résistants d’entre vous.

Au-de-là de sa tonalité bien décalée, le jeu repose sur un concept ludique assez simple, étonnement élégant. Chaque niveau se compose uniquement selon trois couleurs, deux d’entre elles sont affectées soit à votre personnage et à ses projectiles, soit aux ennemis. Le fond quant à lui ne cesse d’évoluer, arborant tour à tour une des trois couleurs dédiées au niveau. Ainsi, le traitement à plat des couleurs rend les différents objets totalement invisibles lorsque survolant un fond de la même couleur qu’eux. Le principe pourrait s’avérer relativement casse-gueule, mais en vrai ça marche plutôt bien. Grâce au rythme soutenu d’évolution du fond, il devient ludiquement possible de prévoir les moments où nos repères seront temporairement anéantis et ainsi de lutter contre la confusion en anticipant ses mouvements et ceux des ennemis.

 

It’s a door able

OùKonJoue: ncase.me | KiKiafé: Nicky Case
Keske sé: 1 minute / Browser game / Amour et partage
ItsADoorAble

Difficile d’évoquer quoique ce soit au sujet de ce jeu sans risquer de nuire à ses belles intentions. Ce serait d’autant plus dommage qu’il ne réclamera qu’une misérable petite minute de votre temps, pour à son terme parvenir à vous faire décrocher un sourire. Je suppose même que certains d’entre vous se feront une joie de le relayer à certaines de leurs connaissances. À cet instant, je me doute de vos présomptions et me permets de les refréner simplement : non ce n’est pas un piège, c’est bien mieux.

Voilà, chocobisous.