Krautscape

Krautscape est depuis deux ans un peu l’arlésienne du naissant « development star system » Suisse. Programmé par Mario Von Rickenbach, l’auteur du très prisé Mirage, le jeu a attiré l’attention dès son annonce en 2012. Disponible en accès anticipé sur Steam depuis le début du mois, nous lui avons jeté un premier coup d’oeil attentif.

Krautscape intrigue immédiatement avec ses voitures-oiseaux au design léché. Mais que quoi comment? Des voitures volantes? Oui monsieur! Et pas du volant déjà vu s’il vous plaît. Du « volant » libre. Ici le joueur peut quitter la piste à l’envie pour se créer des raccourcis selon son bon vouloir et son adresse. Trop facile! Les joueurs ne vont jamais utiliser la piste? vous dites-vous. Pas tout à fait parce qu’ici, si personne n’utilise la piste, elle n’existe pas: dans Krautscape, le joueur en tête de course crée le tracé. Son positionnement à gauche, à droite ou au centre, au moment de terminer un tronçon de route, définira la position du prochain bloc. Ainsi, le premier joueur aura tout intérêt à dessiner la course en fonction de la position de ses adversaires sur le radar pour leur éviter de potentiels raccourcis faciles. Les suiveurs auront eux à disposition, outre le vol, des bonus dressant des murs devant ce joueur en tête, l’empêchant de se tenir sur certaines parties du tronçon et influant ainsi indirectement sur la direction que prend le circuit. La course n’ayant pas de fin définie, le premier adversaire à orienter 50 tronçons de route remporte la victoire. Tout ça n’est pas clair? Contentez-vous alors de retenir que Krautscape tente l’originalité dans un genre aujourd’hui codifié à l’extrême et qu’il est bien parti pour le faire avec talent.

Par contre, il convient de ne pas oublier que nous planons ici au pays de l’accès anticipé. Si l’emballage tant du point de vue graphique que de l’interface est d’ors et déjà du plus bel effet, on ne peut pas en dire autant du jeu en lui-même. Actuellement, les voitures adverses ont plus tendance à se prendre pour des sauterelles que des gracieux oiseaux. Le netcode ayant décidé d’aller cueillir des fraises, elles passent la plupart de leur temps à sauter d’une position à une autre sans fluidité aucune. Le jeu manque également de dynamisme. Les sensations de conduite ont fait ressurgir des souvenirs enchanteurs du vénérable POD, mais dans une version dépressive. La vitesse asthmatique de notre engin lorsqu’il recule en est un bon exemple. Sachant le nombre de murs que l’on rencontre lorsqu’on est premier, ce manque de dynamisme est souvent crispant. Etrangeté finale de cette version « early access »: le design des voitures. Très original, il dote les engins de deux ailes gracieuses qui en mode course sont repliées à la verticale au-dessus de l’engin. Malgré la réussite esthétique indéniable, on ne peut s’empêcher de remarquer qu’elles encombrent une grande partie du champ de vision du joueur. Dans un jeu où l’orientation est aussi primordiale, est-ce bien judicieux?

Souhaitons que tout ceci évolue fortement d’ici la sortie prévue cet été car on espère de tout coeur que le gameplay brut qui nous est présenté aujourd’hui égalera demain l’élégance de son écrin. Dans ce cas, Krautscape pourrait bien contribuer, comme Drei, à faire briller la Suisse au niveau de la scène vidéoludique internationale.

 

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