Mario & Luigi Paper Jam Bros

Après avoir appuyé sur play et donné à cette article un ton « serious business », il est temps de se poser une grande question:  « L’idéal vidéoludique de Nintendo, est-il voué à l’échec ? ». Depuis l’arrivée du combo Wii/DS, Nintendo semble avoir en tête de créer le jeu pour tous. Une volonté selon feu Satoru Iwata, de s’ouvrir à un nouveau public tendrement renommé « Casual » par la communauté. Cette tendance à non seulement eu pour conséquence l’utilisation de périphériques jugé plus « intuitif », mais a surtout profondément changé le game design des jeux labellisé par la firme de Kyoto.

Cas d’école, Yoshi’s Woolly World est perclus d’aide en tout genre: un système d’achat in-game de bonus qui simplifie les niveaux,  un mode facile avec des ailes qui permettent de planer en continu (Avouez que pour un jeu de plate-formes, c’est plutôt cocasse) ou même la possibilité de zapper un level en entier, parce que. Quelques mois plus tard, voilà que débarque Mario & Luigi Paper Jam Bros, fusion des 2 séries aux penchants RPG de Nintendo et testament de leur faillite à me contenter moi, mon neveu, la grand-mère d’en face et le chat du voisin.

Et pendant ce temps la SPA ne fait toujours rien

Et pendant ce temps la SPA ne fait toujours rien

Nos retrouvailles avec le Royaume Champignon passées et un kidnapping de princesse plus tard, nous voilà déjà partis sur la route du Château de Bowser. Un chemin rempli de personnages plus dignes les uns que les autres du titre de « Captain Obvious » tant ils se sentent obligés de nous expliquer le moindre élément de gameplay ou prennent un malin plaisir à bavarder de tout et de rien. Bien évidemment, il n’est pas surprenant que Nintendo m’explique durant la première heure des mécaniques pas forcément intuitives pour qui n’auraient pas joué au récent épisode.  Pour celles et ceux qui n’auraient pas suivi, on a donc le droit à un tour par tour dynamique où l’on choisit une action du type attaque, objet ou coup spécial, qu’il s’agira d’exécuter avec maestria en suivant un certain rythme. Autant mettre cartes sur table, les combats de Mario & Luigi Paper Jam Bros sont l’unique raison pour laquelle je n’ai pas décroché du titre. Dans chaque zone, on rencontre de nouveaux ennemis dont on devra apprendre les séquences d’attaque afin de pouvoir les éviter ou les contre-attaquer pour autant que l’on maîtrise parfaitement leur timing. Autrement dit, vous allez vous faire rosser par le premier Maskass venu jusqu’à ce qu’une demi-heure plus tard vous leur rendiez la pareille de plus belle. Le talent de Nintendo se trouve dans le dosage de la courbe d’apprentissage, qui permet sans cesse de renouveler l’intérêt des affrontements tout au long de l’aventure. Sans compter que les nombreuses attaques spéciales bien que répétitives à la longue restent toujours satisfaisantes à jouer et ajoutent un surplus de dynamisme au tout. Mais… mais c’est tout en fait.

« ça à l’air fun » Personne. Jamais.

Les développeurs se sont en effet sentis obligés de diversifier autant que possible l’aventure, peut-être simplement pour justifier l’achat d’un jeu qui n’aurait en soit pas grand chose de différent avec le précédent opus. L’arrivée des personnages de Paper Mario aussi « plats qu’un électrocardiogramme de koopa »  (©Nintendo, pour donner un avant-goût de l’intérêt des dialogues) tombait à point pour créer une multitude de mini-jeux plus insupportables les uns que les autres; des parties de « cache-cache » avec des Toads, de « policier et voleur » avec des toads, de « rentre les moutons dans la bergerie » avec des Toads,  des sauvetages de Toads ou encore des courses avec…. des Yoshis. Alors que l’on atteint des niveaux d’ennui que l’on croyait réservé au Derrick du dimanche soir, voilà que se présentent à nous les « combats de titans », la vraie fausse bonne idée du titre. Juché sur la tête d’une réplique géante de vos personnages préférés vous devrez dasher sur le dos de votre opposant pour les faire tomber et les détruire d’un coup de fesses aérien bien placé. Ces affrontements en arènes, partagent avec les « supers sentai » de notre enfance l’aspect carton des costumes, mais malheureusement aussi une tendance à durer des plombes et une mollesse des coups abyssale. Tous ces caches-misère à durée de vie ont non seulement le don de frôler le Zéro absolu de l’intérêt vidéoludique, mais ils cassent le rythme jusqu’à clouer au sol un jeu qui ne décolle jamais.

Pire, hormis le mode facile à la Yoshi’s Woolly World où l’ajout d’un système de cartes bonus permet d’augmenter temporairement les caractéristiques de ses personnages, Mario & Luigi Paper Jam Bros se permet d’être relativement punitif. Si vous ne maîtrisez pas le timing de leurs attaques, n’importe quel ennemi peut vous enlever la moitié de votre vie ou vous finir en un coup dans le cas d’un boss. Une situation d’autant plus compliquée que la gestion de 3 personnages en même temps avec les boutons « A », « B » et » Y » peut s’avérer vite bordélique. Certes la perte d’un combat ne crée pas de frustration immédiate puisque le jeu nous propose de recommencer au début de celui-ci sans pénalité aucune, mais elle supprime toute notion de challenge ou de stress pour les joueurs avertis, alors que nos chers bambins risquent fort de continuer à se casser la tête sur des enchaînements peu évident et décourageant à la longue.

Les phases les plus ingérables

Certaines phases deviendront vite ingérables

Malgré tout, Mario & Luigi Paper Jam Bros n’est pas fondamentalement un mauvais jeu. L’emballage est réussi et les musiques frôlent parfois l’excellence comme le thème de fond de cet article qui devrait bientôt être terminé.  Si les dialogues ne volent pas haut et que j’allume encore des cierges à la gloire de l’existence du bouton « Avance rapide » , certaines envolée comme ce Toad regardant de façon introspective une mer qui évoque en lui des questions existentielles font parfois mouche. Mais c’est bien peu en considération de tous ses éléments fâcheux, mal imbriqués et viscéralement liés à la philosophie du Nintendo de cette décennie. Jusqu’à se demander s’il n’est pas tout simplement impossible de faire un jeu qui plaise à tout le monde…