Starfox Zero

Le jeu vidéo finalement, c’est pas très compliqué: un papa, une maman et hop un jeu qui ressemble plus ou moins à l’un ou à l’autre. Nintendo et Platinum Games ont donc en ce beau mois d’avril le bonheur de vous annoncer la naissance du petit Starfox Zero. Il va bien, ses petits polygones s’agitent de bonheur et contrairement ce que son sourire naïf pourrait vous laisser croire, il va vous en faire baver.

Vous connaissez sûrement les aînés de Starfox Zero. Ils ont fait le bonheur de la Super Nintendo, Nintendo 64, Game Cube, DS et 3DS. Cette cohorte de grands frères ne nous dit pourtant pas forcement à quoi nous attendre avec le dernier-né, car maman Nintendo a changé de papa à de multiples reprises pour accoucher de sa série. Cette fois-ci, l’élu de son coeur est Platinum Games. Pour ceux qui jouaient au golf ces 7 dernières années, Platinum c’est la nouvelle poule aux oeufs d’or japonaise. En une petite décennie, le studio a sorti pas moins de dix jeux parmi lesquels on trouve rien de moins que Bayonetta, Metal Gear Rising Revengeance, Vanquish ou encore MadWorld. Toutes ces créations ont en commun un amour immodéré pour les mécaniques de jeu exigeantes. A tel point que le mode normal y constitue le plus souvent un tutoriel menant aux modes de difficultés supérieures où le système de jeu dévoile réellement sa saveur. Avec une maman comme Nintendo à la philosophie totalement opposée, il était judicieux de se demander de quel côté de l’arbre généalogique le petit Starfox Zero allait tomber. Eh bien une fois n’est pas coutume, le petit à tout de son Papa.

Tout d’abord le jeu est assez court: comptez une grosse douzaine de missions en ligne droite, un peu plus en prenant en compte les parcours alternatifs. Mais le jeu n’est pas pour autant avare quant à sa durée de vie. Le joueur souhaitant se frotter en profondeur au système de jeu aura tout une ribambelle de modes annexes où il pourra ébrouer son talent. Cependant, rien que le mode histoire devrait vous donner un peu de fil à retordre. « Mais mon bon coin de Pixel, comment le gentil jeu de Piou Piou dans l’espace qu’à toujours été Starfox s’est-il subitement transformé en dévoreur de skills? ». Eh bien il y a deux raisons à ça mon cher lecteur: une bonne et une plus discutable. La bonne, concerne les 4 formes du vaisseau disponible. Chacune a une maniabilité et un set de mouvements qui lui est propre. Un peu comme si l’on pouvait passer de Bayonetta à Raiden en un clic (en plus light évidemment, mais tu saisis l’image). Du coup, à chaque introduction d’une nouvelle forme on recommence notre apprentissage au début: il faut donc un bon nombre d’échecs avant d’obtenir une certaine aisance avec toutes. Par contre lorsque cette dernière pointe son nez, le jeu sait nous récompenser avec des phases épiques où l’on passe d’un combat spatial furieux aux commandes de l’Arwing à l’abordage d’un croiseur en toute fluidité avec le Walker.starfox_morph

Non, mon véritable problème avec le rejeton de Nintendo et Platinum, c’est le mélange des perspectives. Comme vous en avez sûrement déjà entendu parler, cet épisode prend à bras le corps les spécificités de la Wii U en affichant deux vues distinctes à la fois: la vue subjective sur le gamepad et la vue classique (comprenez à la troisième personne) sur la télévision. Une idée qui s’avère simultanément géniale et horripilante. Géniale, parce qu’elle permet de mélanger le plaisir du shoot conforme aux origines de la série avec une nouvelle dimension rappelant les grandes heures de X-Wing vs Tie Fighter. Horripilante, parce qu’on ne sait jamais où regarder. A chaque collision perçue à travers le gamepad, on se demande si l’on aurait pas mieux fait de regarder la TV et à chaque tir raté sur la TV on se maudit de ne pas avoir regardé le gamepad. Résultat: on passe les 3 premières heures avec le regard un peu partout à se demander ce que le jeu attend exactement de nous.

starfoxzero_mabletteLes choses se stabilisent un peu lorsque l’on comprend que globalement le jeu est divisé en deux phases, celles avec scrolling et celles dans un espace ouvert. La première se joue majoritairement en vue classique et la seconde en vue subjective. Ce qui n’empêche que pour le joueur souhaitant tâter de la substantifique moelle du système de jeu, il s’agira toujours de regarder l’un en surveillant l’autre. Un état que je dois bien avouer n’avoir toujours pas réussi à atteindre après ma grosse dizaine d’heures de jeu. De là à dire que c’est impossible comme pour tous les autres titres Wii U usant simultanément des deux écrans, il n’y a qu’un pas que je ne me risquerais pas à franchir.

Au final on peut dire ce que l’on veut sur les bébés mais ce qui compte ce sont ses premiers mots. De ce point de vue là, Starfox Zero tient du petite génie. En version française il s’est choisi de délicieux doublages rappelant le meilleur des dessins animés des années 90, parfaitement en adéquation avec son ambiance d’époque. Un bon goût hérité de ses prestigieux parents, qui rattrape à lui tout seul mes petits griefs envers son caractère parfois capricieux.