The Legend Of Zelda

Ca a commencé comme une soirée normale: « et si on ressortait la NES pour rigoler ». Une caisse avec une collection de vieux jeux et un tour rapide pour se rendre compte que les souvenirs c’est rigolo mais on ne joue pas longtemps avec.

Dix minutes de Gun Smoke et la cartouche de Zelda prend déjà sa place. C’est marrant, on arrive directement sur l’écran titre. Pour la peine, je redémarre une seconde fois le jeu en plaisantant sur les millions de logos que contiennent les jeux d’aujourd’hui. Un écran plus loin, on retrouve les sauvegardes d’antan. On va faire le début plutôt. L’écran avec les rochers, la grotte, l’épée et le vieux monsieur: « It’s dangerous to go alone. Take this ». Je l’ai vu des tas de fois ce début: en vidéo, en images et j’ai même dû le jouer à deux ou trois occasions. N’ayant jamais eu ma propre NES, il constitue d’ailleurs ma seule connaissance empirique de ce premier épisode. Et comme à chaque fois, je souffre d’appréhension: « trop grand, trop compliqué, trop injuste, trop vieux. On va vite passer à la suite ».

Seulement cette fois, mon coéquipier a le souvenir joueur: suffisamment précis pour partir dans la bonne direction mais trop flou pour gâcher le plaisir de la découverte. Nous cheminons donc vers un premier donjon au coeur de la forêt, sans indications, sans dialogues. A l’impression d’être perdu succède l’aventure, celle de Dragon’s Dogma, avec un grand Z et 8bit. Le premier donjon se traverse sans énigme particulière: des clés qui vont dans des portes, c’est tout. Le boss tombe vite. Ce n’est pas très « Hyrulien » mais ce n’est pas désagréable.

Nous ne trouverons pas le donjon numéro deux. Nous attaquerons donc directement le troisième, non sans avoir dégoté au préalable l’épée 2 sous une cascade. Sensation étrange de ne pas suivre le courant du jeu. Nourri au Zelda d’aujourd’hui, je ne peux réprimer un certain vertige.

Finalement, le donjon deux se fera après le quatre, grâce à une alliance unique de résignation et de Puissance-zelda.com. Je comprends soudainement mieux la réputation de cette aventure. Plus que la difficulté, c’est la communication réduite à la cours de récré d’une époque sans Internet qui pèse sur ce jeu. Comme Dark Soul, c’est un périple qui se partage avec d’autres. Le sel de l’expérience est dans ses recoins cachés. Ces trésors que seuls les plus impliqués trouveront. Certains secrets découverts sur le net nous font rire: « brûle le quatrième buisson depuis la droite! », « Tidududududing! », « Mec, mais y a trente buissons sur cet écran, comment tu fais pour deviner un truc pareil tout seul?! ». En 2013, Zelda est finalement plus à son aise.

Lors du septième donjon, un mystère de la série se fait jour. J’en ai parcouru des Zelda, j’en ai rencontré des « Puddings mangeurs de bouclier » sans jamais jusqu’ici en comprendre l’utilité: pourquoi diable me soucierais-je de perdre mon fort dispensable bouclier alors que riche comme Kotick, je peux en acquérir une dizaine? Nous découvrons donc à nos dépends que dans cette première légende, les projectiles sont nombreux et douloureux. Et lorsque l’on rachète pour la troisième fois notre bouclier à 90 Rubis alors que la bague à 250 Rubis commence à se faire indispensable, le méchant pudding nous fait enfin peur.

Finalement, après trois soirées d’efforts: Ganondorf explose comme un fruit mûr au fin fond du neuvième donjon. Zelda, libérée, se contente d’un avare « merci » avant de laisser place aux crédits. Peu importe si en 2013 les princesses accaparent toute l’attention, ce soir, comme il y a 25 ans, nous apprécions à sa juste valeur le plaisir simple de triompher.

Images   Vidéo   Repenser la légende