Zorbié

Au premier abord, hormis son univers et sa gueule de travers (NDMA*: Astérix raté), Zorbié est d’une banalité affligeante. Tous les poncifs du jeu iOS semblent s’y donner la main pour tuer des poulets.

Structure en Boucle, Upgrade et Missions sont à la petite fête de Gameplay Arcade. Ils se connaissent bien, ils se rencontrent dans plus de cinquante pour-cent de la production tactile actuelle. Malheureusement, la recette n’est que trop prévisible. Au début, contents de se voir, ils boivent du champagne, rigolent, sont polis et « fun ». Mais au bout de 30 minutes de jeu, tout le monde finit par faire n’importe quoi, s’engueuler et vomir sur les canapés. Résultat : le joueur passe son chemin, dégoûté.

Prenons Structure en Boucle. Chaque partie échouée nous fait recommencer au premier niveau, sur le modèle des jeux d’arcade d’antan. Problème de cette méthode: on va plus souvent aux toilettes et dans les transports en commun aujourd’hui, qu’on allait dans les salles d’arcade hier. L’ennui pointe donc très rapidement son nez. C’est là que la petite fête de Zorbié commence à se distinguer. On remarque des changements subtiles dans le déroulement: le décor se modifie, des animations nouvelles apparaissent, des stages bonus s’ajoutent, de nouveaux ennemis s’invitent. Bref, curieusement on ne s’ennuie pas.

Structure semble donc faire des efforts pour la soirée, mais on ne peut s’empêcher de rigoler à la vue d’Upgrade. Le bâton du game design portable, s’amusant à limiter le joueur pour l’inciter à dépenser. Le gros lourd qui annonce les microtransactions aussi sûrement qu’un pet annonce un séjour au petit coin. Mais là encore, on bute sur une honnêteté désarmante: Zorbié utilise Upgrade pour tutorialiser. Objets et améliorations s’enchaînent fluidement pour nous montrer comment jouer et élargir progressivement nos possibilités.

Alors si l’arnaque n’est pas dans le bâton, elle doit être dans la carotte. Missions, le pénible qui invente à l’infini des objectifs idiots pour donner une impression de grandeur à la petitesse: « vas-y Gogol, ramasse 500 pièces d’or en 15 secondes. Si t’y arrives, t’auras droit à un truc encore plus long et con ensuite ». Mais non, pas à la fête de Zorbié. Chez lui, les missions sont comme une démangeaison dans le dos: accessible à priori, mais suffisamment difficile à atteindre pour rendre la réussite jouissive.

Pour terminer, Gameplay Arcade. L’organisateur, le chef d’orchestre, celui sans lequel rien ne serait possible. Souvent coupable de flemmardise, il se contente la plus part du temps de reprendre la mode du moment dans une variante peu fraîche. Après les paragraphes précédents, je ne vous apprendrais rien en vous disant que l’hôte du jour ne s’abaisse pas à se genre de petites magouilles. Dans un souci de bonne ambiance, il propose un gameplay joyeusement débile et original où il s’agit de lancer une hache pour abattre des oiseaux tout en évitant de se la prendre sur la tête lors de sa chute. Une sorte de perversion d’Arkanoid accompagnée de précision et de profondeur, comme on l’attend chez un hôte tactile de sa qualité. 

« Remarquable! Ce Gameplay me paraît savoureusement novateur. Nous tenons le nouveau Temple Run, le Jean Roch du jeu vidéo! », vous dites-vous. Point du tout. Nous tenons mieux! Car la grande force de Zorbié, c’est d’avoir compris, contrairement à ses concurrents, qu’un organisateur aussi bon qu’il soit n’est rien sans des invités de qualité.

Bien joué, Astérix raté!

*NDMA: Note de mon amoureuse

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